En Haiti, il est communément admis que les femmes constituent le Potomitan c’est-à-dire le Pilier central de notre société.
Les personnes qui nécessitent des soins spéciaux : les bébés, enfants en bas âge, vieillards, les personnes handicapées ou malades sont traditionnellement prises en charge par des Femmes. Ces dernières veillent également à l’Éducation de base des enfants; leur comportement avec leurs frères et sœurs, les parents, les voisin-e-s et la société en général. Même si d’autres personnes participent à l’encadrement de base, la responsabilité première incombe aux femmes !
Aujourd’hui, notre pays est plus que malade ! Il est considéré comme un État paria, un État failli ! Il a commencé sa descente en enfer, cela fait longtemps déjà. À ma connaissance cependant, la situation n’a jamais été aussi critique !
Il ne faut pas se voiler la face : notre pays : HAITI, est en danger de disparaître !
Il faut donc se lancer à la rescousse, s’engager en dépit des possibles appréhensions, mis-perceptions ou dures critiques.
Il s’agit de contribuer à sortir le pays du gouffre dans lequel il se trouve.
Un impératif : Être de bonne foi !
Les prédispositions requises :
- Ouverture d’esprit: essayer de comprendre l’autre/les autres et Vouloir établir des passerelles.
- Engager le Dialogue sur le Que faire ?
- Prendre le temps d’écouter l’autre / les autres.
- Identifier les points communs
- Examiner et déterminer ce qu’on peut faire ensemble…
- Passer à l’action ! Avec la détermination de se relever et de se forger un avenir commun, plus juste et égalitaire !
Après le tremblement de terre de 2010 qui a causé la mort de plus de 200, 000 de nos compatriotes, les haïtien-ne-s se sont levé-e-s et, sans distinction de classes sociales ou de couleur, se sont tendu la main : il s’agissait de vies humaines à sauver.
A travers le monde, on a alors salué de notre grande « résilience ».
Notre patrie est, de nouveau, en danger.
C’est en nous-mêmes que nous devons chercher et trouver la capacité, la détermination, les clefs donc du vivre-ensemble...Et les appliquer !
Quels pourraient être le rôle et la contribution de Pax Christi International et d’autres organisations solidaires ?
- Faciliter le Dialogue
Pour des raisons que je n’arrive toujours pas à élucider, nous : haïtiens et haïtiennes, avons tendance à nous raidir et même à lutter âprement, les un-e-s contre les autres, face à des différences (même légères ou sémantiques), plutôt que de nous focaliser sur les points communs ainsi que le bout de chemin que nous pourrions faire ensemble.
A mon avis, les organisations solidaires comme Pax Christi International seraient bienvenues de nous accompagner sur le chemin du dialogue et de la concertation ; cela, sans interférence sur les choix que nous devons faire, nous-mêmes !
2. Accompagner un réel processus de Décentralisation
S’il est un (1) aspect positif qui pourrait émerger du chaos et de l’actuelle descente en enfer d’Haiti est de procéder rapidement à une réelle, efficiente et efficace décentralisation.
Les faits viennent de nous le prouver : Alors qu’à Port-au-Prince et dans ses environs, l’Administration Publique, les entreprises privées, la plupart des écoles et même les établissements commerciaux ont très souvent dû fermer leurs portes à cause des massacres, kidnappings, viols et autres abominations réalisées par les gangs; alors que dans d’autres régions du pays, les élèves ont pu se rendre à l’école et le train de vie habituel continuer à se déployer.
La Constitution de 1987 prône la Décentralisation. Et cela fait plusieurs années qu’une loi sur la Décentralisation a été votée par le Parlement haïtien. Il nous incombe de la mettre en pratique !
Une organisation comme Pax Christi International dispose d’un organe représentatif : le Secrétariat International qui relie un nombre important d’organisations à travers le monde. Elle est donc bien placée pour nous aider.
Du fait des conditions internes chez nous et la forte migration qui en résulte, de nombreux-ses haïtien-ne-s et leurs descendant-e-s se trouvent actuellement dispersé-e-s à travers le monde, formant la Diaspora (ce que nous, nous appelons le 10ème département). Ces haïtien-ne-s de l’extérieur appuient et réalisent une multitude de petits projets en Haiti dans les domaines de l‘Agriculture, de l’Éducation, la Santé etc… Leurs efforts méritent d’être articulés, appuyés et insérés dans des Plans communaux, départementaux et dans le grand Plan National de relèvement et de reconstruction de notre pays.
Il s’agit – là encore- d’un domaine dans lequel des organisations solidaires comme Pax Christi International et ses partenaires peuvent aider notre pays, non seulement à travers des actes de Plaidoyer mais encore et surtout en encourageant et facilitant le Dialogue entre nos diverses entités, la recherche des points communs, la mise à profit de nos valeurs… nous aidant donc ainsi à reconstruire notre pays dans le respect de nos différences.
3. La lutte contre le grand banditisme
Haiti n’est plus « au bord » du gouffre. Elle a déjà entamé ce que certains appellent « sa descente aux enfers ». Notre pays est, à l’heure actuelle, une « plaque tournante » du fructueux commerce des armes et de la drogue. De gros intérêts sont donc en jeu !
Tout le monde sait que nous ne fabriquons pas les armes qui tuent nos concitoyen-ne-s et détruisent nos enfants. Nous ne produisions pas, non plus, la cocaïne qui transite par notre pays.
Je ne crois pas que Pax Christi International puisse résoudre ce problème vaste et complexe. Mais cela ne signifie pas que nous ne puissions rien faire ! Il nous faut rejoindre d’autres organisations qui travaillent contre la grosse criminalité et surtout offrir à la jeunesse haïtienne des raisons d’espérer ainsi que d’autres façons d’envisager et de bâtir l’avenir !…
Claudette Werleigh, Ambassadrice de Paix, Pax Christi International